Loading...
|
DUMAS
-> DUMASRepository for students' Research Papers (Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance) Last Research Paper submitted
En 1750 et 1751, une campagne hydrographique est réalisée dans le golfe de Gascogne à la demande du Dépôt des cartes et plans de la Marine. Cette campagne a pour but de vérifier et de corriger des cartes marines déjà publiées de la même région. Pendant la mission, plus de 350 sondes à plomb suiffé sont relevées dans le golfe afin de mesurer la profondeur de l’eau et pour lever des échantillons du fond marin à différents points. En étudiant les diverses archives provenant de cette campagne, la chaîne de production des savoirs hydrographiques en jeu au XVIIIe siècle est exposée et déconstruite. Elle englobe chaque étape dans le processus de construction de cartes marines, de l’émergence d’un besoin aux travaux sur le terrain et à leur utilisation finale. Les archives contiennent également les données hydrographiques brutes récoltées pendant la mission. Une méthodologie pour le traitement et l’analyse de ces données hydrographiques historiques est proposée et détaillée. La chaîne de traitement passe par la transcription des données des sources archivistiques à leur standardisation et classification selon des données de référence. Les données historiques ainsi traitées sont ensuite comparées et analysées par rapport à des données actuelles équivalentes. La méthodologie développée implique l’utilisation d’outils en humanités numériques, surtout pour la visualisation via la mise en carte des données historiques traitées.
Le débat sur la nature de la relation entre écologie et écologisme repose principalement sur des présupposés épistémologiques quant au statut de l'écologie et quant à la façon dont elle doit prendre en compte les activités humaines. L'écologie peut être considérée comme une partie de la biologie, comme une science naturelle interdisciplinaire, ou comme une science interdisciplinaire qui fait le pont entre sciences de la nature et sciences de l'homme. La prise en compte de la spécificité culturelle de l'homme dans son rapport aux écosystèmes et à la biosphère dépend donc du statut que l'on donne à l'écologie.
Ce mémoire s'intéresse aux collaborations possibles entre Intelligence Artificielle et philosophie. Il montre que les deux disciplines peuvent partager des objets, des théories et des résultats pour apprendre l'une de l'autre. La stratégie de ce mémoire consiste à expliciter des relations épistémologiques entre les problématiques propres aux deux disciplines ("IA faible" et "IA forte"), afin de définir des modes de collaboration sur le plan disciplinaire. La deuxième partie de ce mémoire présente les travaux de philosophes et de spécialistes de l'IA, depuis les débuts de l'Intelligence Artificielle jusqu'aux années 80. Elle expose les démarches collaboratives exploitées par ces chercheurs, de manière implicite ou explicite. La troisième partie présente des travaux où la philosophie sert de socle conceptuel à l'Intelligence Artificielle, notamment en ce qui concerne la simulation de phénomènes émergents. La quatrième partie réalise un renversement des relations classiques entre les deux disciplines. C'est au tour de l'Intelligence Artificielle de se mettre au service de la philosophie, en formulant de nouvelles hypothèses de recherche ou en testant les théories philosophiques à partir de cas concrets. Ce mémoire, enfin, espère œuvrer pour le rapprochement des deux disciplines et ainsi encourager philosophes et spécialistes de l'IA à collaborer sur les sujets qui leurs sont chers.
Les derniers écrits (1946-51) de Wittgenstein s'occupent principalement de philosophie de la psychologie et s'attaquent à certaines théories classiques de l'esprit, que les commentateurs qualifient de mythologies. Notre travail consiste à évaluer la possibilité de la présence de ces mythologies de l'esprit à l'intérieur des théories construites par les sciences psychologiques ainsi que les implications sur la psychologie que cette présence est susceptible d'avoir. En nous appuyant sur certains des points centraux de la critique wittgensteinienne (l'usage ordinaire, la distinction conceptuel / empirique, etc.), nous montrons qu'il est envisageable de dégager des thèses, d'inspiration wittgensteinienne, délimitant les prétentions de la psychologie. L'œuvre de Wittgenstein fournirait donc un outil, dans une mesure que nous nous efforçons d'apprécier, pour une mise en débat de la scientificité de la psychologie, en particulier des neurosciences cognitives.
S'interroger sur le clonage, c'est s'interroger sur ce qu'il produit, à savoir le clone, le double, dont il s'agira pour nous d'appréhender le sens et de voir en quoi cet être recréé, reproduit par clonage présente une figure complexe, en quoi il représente un être particulier, au statut quelque peu singulier. Il importe donc de définir ce que signifie, ontologiquement et symboliquement, l'action même de cloner et de définir ainsi ce que signifie l'existence d'un clone. En effet, la question du clonage ne peut être séparée de la question même du clone puisque sans clone, il n'y aurait pas lieu de parler de clonage. Par ailleurs, il nous faut définir ce qu'est scientifiquement le clonage. Nous montrerons alors que les définitions mènent parfois à des quiproquos et des illusions qui n'ont pas lieu d'être une fois le terme clairement défini.
Cette étude tente de répondre à la question "qu'est-ce que le jazz ?" en partant des spécificités musicologiques propres à cette musique pour rejoindre la pensée sociale et culturelle du jazz. Plus qu'un simple travail de définition, il s'agit d'analyser le jazz pour en extraire ses valeurs, d'interpréter les phénomènes musicaux jazzistiques en les plaçant toujours déjà dans un contexte historique et social déterminé. Penser le jazz, c'est établir son unité esthétique. Pourtant, on n'épuise pas le phénomène jazzistique à parler de swing et de sonorité : penser le jazz c'est aussi comprendre les origines musicales d'une telle musique et donc utiliser une méthode généalogique permettant de comprendre pourquoi, un jour, des hommes ont joué de la musique de telle manière. Le discours musicologique s'ouvre à la philosophie sociale et aux sciences historiques. Penser le jazz, c'est alors comprendre qu'il est une musique populaire, issu de la rencontre brutale des musique occidentale et africaine dans le contexte de la ségrégation raciale. Si certains discours sur la musique font de l'abstraction leur crédo, un discours sur le jazz semble devoir nécessairement prendre en compte les contextes socio-historiques dans lesquelles on joue du jazz. Le jazz se joue, se danse, s'incarne dans des gestes, des attitudes et des corps, et ce faisant, véhicule une pensée musicale que l'on ne peut pas comprendre si l'on s'en tient à une analyse musicologique. Penser le jazz comme pensée, ériger le jazz en porte d'entrée privilégiée d'une culture américaine naissante, comprendre l'encrage de la musique de jazz dans la Weltanschauung américaine sont les enjeux de cette étude qui donne en outre des pistes tant méthodologiques que généalogiques pour entreprendre une analyse des musiques populaires postérieures au jazz.
|
TEL
-> TELRepository for the archiving of Ph.D theses (Thèses En Ligne) Last Ph.D. submitted
Sous la troisième République, de nombreux militants du mouvement ouvrier se sont intéressés à l’astronomie, s’appuyant parfois sur cette science pour élaborer et défendre des discours révolutionnaires. Cet intérêt s'inscrit à la fois dans un contexte plus général de « popularisation » de l'astronomie dans l’espace public, d’un important développement de sa pratique chez les amateurs et de la prise en compte des enjeux d'éducation populaire de la part de nombreux militants, au moment où le mouvement ouvrier se structure. Ma thèse propose ainsi une histoire populaire de l’« Astronomie populaire », en se structurant autour de trois axes de réflexion :1) Astronomie, classes populaires et question révolutionnaireDans ce premier axe, je m’intéresse aux productions d’acteurs du mouvement ouvrier qui accordent une place importante à l’astronomie au sein de leurs réflexions politiques. Il s’agit ainsi de mieux comprendre cette articulation entre étude du cosmos et théorie révolutionnaire, qui apparaît à plusieurs reprises chez différents militants.On peut également distinguer chez ces militants deux catégories distinctes : ceux appartenant à l’élite intellectuelle mais s’engageant à la façon de théoriciens et « porte-paroles » de la classe ouvrière, et ceux directement issus du prolétariat ayant acquis des connaissances de manière autodidacte. Cette distinction m’amène notamment à interroger les différentes catégories auxquelles le terme « populaire » peut renvoyer : l’astronomie populaire est-elle une astronomie faite pour le peuple ou bien par le peuple ?2) Une science au service de l’émancipation ? L’astronomie dans l’éducation populaireDans ce deuxième axe, je m'intéresse à la place de l’astronomie au sein de diverses initiatives d'éducation populaire. Alors qu’il n’existe pas d’enseignement officiel de cette science dans les programmes de l’école primaire élémentaire, on retrouve sa trace à plusieurs reprises au sein d’expériences éducatives portées par les nouveaux mouvements pédagogiques qui apparaissent à cette période (pédagogies libertaires, Éducation nouvelle, Éclaireurs de France etc.).Du côté des adultes, en plus des nombreux ouvrages et revues de vulgarisation, c’est aussi sous la forme de cours publics et de conférences que l’astronomie a pu se diffuser. On retrouve par exemple régulièrement cette thématique dans les programmes des Universités Populaires des années 1900.3) Le peuple des amateurs : sociétés savantes et astronomie populaireJ'étudie dans ce dernier axe les dynamiques sociales qui structurent le milieu des astronomes amateurs. J'y interroge notamment les processus d'intégration ou d’exclusion des classes populaires au sein des différents clubs et sociétés d'astronomie, généralement animés par des individus de condition aisée.Ce milieu tient néanmoins un rôle important entre celui des professionnels et celui des militants du mouvement ouvrier. Si certains de ces derniers vont devenir des astronomes amateurs, la plupart vont surtout s’appuyer sur des revues de vulgarisation et sur des documents produits par les cercles d’amateurs.Une autre particularité de mon travail de thèse est d’intégrer l’échelon local, à travers l’étude de deux sociétés d’astronomes amateurs, à Toulouse et à Montpellier. Ma recherche développe ainsi une approche locale de ces cercles pour mieux saisir leur inscription dans la ville, et leurs interactions avec un public plus large.Les différents acteurs étudiés dans cette thèse revendiquent tous peu ou prou une dimension « populaire » dans leurs démarches, mais selon des acceptations du terme parfois très éloignées. Ce travail tente ainsi à la fois de préciser ces différentes utilisation d’un même terme accolé comme adjectif à un savoir scientifique, tout en mettant en évidence l’usage politique particulier de cette science par des militants révolutionnaires, dans la perspective d’une transformation radicale de la société.
Scientifique, impersonnelle, dépassionnée, désengagée : aucun de ces adjectifs ne convient à l’observation entre 1750 et 1850. Celle-ci était un talent universel, l’esprit d’observation. L’histoire littéraire de cette aptitude révèle qu’à côté de la subjectivité, écran interposé entre le sujet et l’objet, la science affronta, sous le nom d’observation, le problème redoutable du talent. Plus un individu est observateur, plus il se perfectionne au contact du monde : l’esprit d’observation ne dévoile la vérité qu’en faisant diverger les entendements. Face à ce risque, la méthodologie eut pour fonction de recréer une connivence à partir d’un accord politique sur la différence des esprits. Ces discours parlant d’égalité nourrirent alors une pensée contestataire, de la bohème littéraire du 18e siècle aux socialistes du xixe en passant par les girondins et les libéraux. L’invention de l’objectivité finit par clore les débats, vers 1850, en annulant le génie d’observation au profit d’une substituabilité conventionnelle entre savants. Salutaire par son aspect démocratique, ce règne de la méthode dont nous sommes encore tributaires repose toutefois sur un imaginaire non interrogé : le savoir précéderait le savoir-faire, l’expérience s’acquerrait volontairement, le moi serait indépendant de ses idées… Seule une esthétique réfléchit à ces présupposés : le réalisme. En ne décrivant « que ce que les autres sont à même de voir aussi, afin qu’ils puissent juger en connaissance de cause » (E. Duranty), l’auteur observateur définit un réel commun à partir d’une négociation critique sur les talents : en cela, ces textes sont plus proches de la méthodologie que de la science, et constituent une proposition épistémologique originale.
Dans les décennies qui suivent la Révolution française, alors qu'il apparait nécessaire de repenser le lien social, se développent progressivement des débats autour de la solidarité qui vont se prolonger tout au long du XIXe siècle, comme une face inversée de la grande Question sociale. La spécificité de ce travail est de tenter de montrer comment ce vocable commun de solidarité traverse les écrits de trois figures majeures du romantisme français, Victor Hugo, Jules Michelet et George Sand. Par une démarche systématisée de confrontation de leurs écrits, il s'agit de se demander comment ces auteurs tentent de proposer, avec ce terme, une réponse au risque de déliaison de la société, qui puise ses racines dans la pensée romantique de la grande continuité de la nature. Il s'agit de cerner les contours d'un terme que chacune des oeuvres s'approprie de manière spécifique pour concilier, dans le champ de la société, l'égalité générale et la liberté des individus et dire un manque que l'écriture, in fine, cherche à combler. Jeu de miroirs qui fait surgir des points de rencontre et des divergences non nécessairement pensés par ces auteurs. En examinant le mot de solidarité, d'abord dans la vision de la nature, puis dans celle de la société, nous faisons émerger, dans le champ littéraire, une notion structurante du romantisme politique français. Celle-ci fabrique une naturalisation du politique qui n'en est pas la justification, mais une refondation critique. Malgré cette vision partagée d'une assise naturelle qui viendrait régler la question de l'origine, les écrits des trois auteurs butent finalement sur la tension entre l'individuel et le collectif, la propriété et la communauté, la liberté et l'égalité, que la solidarité qu'ils appellent de leurs voeux, toujours différée, échoue à résoudre.
Cette thèse retrace le développement du vaccin antiméningococcique A par l’Institut Mérieux de Lyon entre 1963 et 1975. Dans un premier temps, nous présentons la maladie et la menace de santé publique qu’elle représente spécifiquement en Afrique subsaharienne, nécessitant le développement d’un vaccin défendu par le médecin militaire français Lapeyssonnie. Nous retraçons l'histoire de la collaboration entre l'Organisation mondiale de la Santé, l'Institut Rockefeller, le Centre International de Référence pour les Méningocoques (Pharo) et l'Institut Mérieux qui commercialisera avec succès un vaccin. Nous concluons avec le programme massif de vaccination mené au Brésil en 1974-75 dans le cadre duquel 80 millions de personnes ont été vaccinées contre la méningite pour tenter d’arrêter une épidémie mortelle de la maladie.Nous analysons cette histoire avec le concept de ‘doable problems’ développé par Joan Fujimura. Cette approche nous permet d'échapper à une simple ‘narration du progrès’ de la découverte d'un vaccin. Au lieu de cela, l'analyse en termes de niveaux d'organisation du travail et les concepts clefs d'articulation et d'alignement mettent en évidence un certain nombre d'aspects intéressants, notamment l'importance de la collaboration entre groupes et individus, ainsi que des hypothèses implicites sur la validité des différentes approches de la production vaccinale. Cette approche analytique nous permet de mettre en évidence des aspects sociaux pour compléter l’histoire technique du développement et de l’utilisation du vaccin au cours de cette période
La politique urbaine a pour objet d‟agir sur la gestion des villes afin d‟améliorer le bien-être des résidants. En Angleterre, l‟Etat est intervenu dès le XVIIème siècle afin de soulager les mauvaises conditions de vie des plus pauvres en agissant sur l‟hygiène et le logement. Puis la ville s‟agrandissant, les désordres liés au surpeuplement se sont multipliés, spécialement dans les zones les plus dépourvues des centres-villes. C‟est à Londres que ceux-ci ont été les plus criants et les besoins de solutions les plus urgents. Ainsi, pour permettre une gestion plus efficace des délits urbains, la gouvernance de la capitale britannique a été réformée. C‟est ce à quoi se sont attelés les Travaillistes dès leur arrivée au pouvoir en 1997, et ils ont en même temps donné une nouvelle impulsion à la politique en direction des villes en favorisant les aspects sociaux, environnementaux de la rénovation urbaine, tout en comptant sur l‟investissement des communautés. Et l‟adoption de la politique dite de la Troisième Voie fut un pas essentiel en ce qu‟elle ne rejetait plus le secteur privé mais l‟acceptait, au contraire, comme partenaire privilégié. Islington, l‟un des boroughs les plus petits de Londres, a la particularité de jouxter une des zones les plus prospères du monde : la City de Londres. Cependant, il présente des caractéristiques sociales communes aux zones les plus pauvres du pays. Les programmes qui y ont été lancés ont pris en compte cette spécificité. L‟analyse de ces projets nous permet de passer en revue la politique de rénovation telle qu‟elle a été voulue par les Travaillistes de 1997 à 2010, d‟essayer d‟en tirer des bilans et de tenter de pointer les défis auxquels les villes vont être confrontées.
La psychocinétique est définie par le docteur Jean Le Boulch (1924-2001) comme une éducation physique (EP) scientifique, puis comme la science du mouvement humain appliquée au développement de la personne conçue dans sa globalité, de sa naissance à l'âge adulte. Dans le cadre d’une épistémologie historique, l’étude de sa diffusion rend compte de cette transformation, de la fin des années 1940 à la fin des années 1980. Construite, dans le milieu de l’EP scolaire, comme une propédeutique à la pratique sportive, aux apprentissages scolaires, à la formation de l'apprenti et de l'éducateur, la psychocinétique entretient également des liens étroits avec les psychomotricités et l'ensemble de leurs composantes comme le schéma corporel, l'image du corps ou l'ajustement postural. Sa diffusion s’opère sous de multiples formes et dans de nombreux lieux (universitaires, médicaux, éducatifs, professionnels, scolaires primaire et secondaire, etc.). L’étude réalisée, à partir de l’ensemble des propositions de Jean Le Boulch, ainsi que d’une diversité de sources (archives institutionnelles et personnelles, témoignages, articles de presse, revues professionnelles, bulletins syndicaux, etc.), s’attache à identifier les différentes phases de cette diffusion (amorce, expansion, condensation). Elle permet de révéler les différents processus mis en jeu (diffusion par contagion, relocalisation, hiérarchie des lieux), et les différentes stratégies des acteurs. Les théories de la diffusion permettent également de mettre à jour les centres de diffusion de la psychocinétique, ses trajectoires, ses vecteurs, ainsi que les barrières (internes et externes) qu’elle rencontre. L’étude propose une lecture nouvelle de l’histoire de la psychocinétique, sortie du cadre des années 1960 et de l’EP, où souvent on l’enferme, en apportant un autre traitement et une temporalité différente.
Les études kantiennes peuvent se pencher sur l’œuvre de Kant, mais aussi sur sa réception et la manière dont le kantisme a contribué à faire surgir des réflexions philosophiques originales. Cette thèse explore cette deuxième voie, à travers le prisme particulier des circulations entre science, philosophie et épistémologie. Il s’agit de rendre compte de la manière dont des savants ont compris et utilisé Kant, au XIXe siècle en France. Ampère, Brunschvicg, Comte, Couturat, Gergonne, Lacroix, Léchalas, Littré, Milhaud, Poincaré, Renouvier, Rey, Ribot, Paul Tannery, Wronski et Wyrouboff sont quelques exemples de penseurs plus ou moins connus ayant une formation scientifique et faisant usage de Kant. Toutefois, plutôt que de proposer une suite rhapsodique d’études consacrées à ces savants, cette thèse suit les principaux réseaux de circulations des images et usages du kantisme tout au long du XIXe siècle en France. De l’Académie de Berlin aux revues francophones de la fin du siècle, une institutionnalisation des références à Kant se met progressivement en place et elle implique de nombreuses interfaces entre science, philosophie et épistémologie. Kant est utilisé notamment pour souligner l’activité du sujet dans la constitution de la connaissance et pour poser le problème épistémologique de la correspondance des représentations avec la réalité. Ainsi, le réalisme est mis en tension. Plusieurs savants s’emparent du kantisme pour construire des options philosophiques originales repensant les liens et les oppositions entre empirisme, idéalisme et scepticisme. Par exemple, un réalisme structural associé à une réflexion sur la croyance et sur les probabilités émerge dès le début du XIXe siècle. On le retrouve, sous des formes variées, chez Ampère, Cournot ou encore Tannery. Par ailleurs, le kantisme sert de creuset philosophique pour penser le fondement des sciences. La géométrie et l’arithmétique sont au centre des débats. C’est particulièrement vrai à la fin du siècle, avec la renaissance des géométries non-euclidiennes et le développement des liens entre mathématiques et logique. Ces problématiques ont des racines plus anciennes et les matrices des usages de Kant émergent dès le début du siècle. Enfin, il n’est pas rare d’observer que les savants utilisent Kant dans des analyses portant sur la mécanique rationnelle ou encore sur la cosmologie. De manière générale, la présente étude rend compte de la manière dont les références à Kant fonctionnent pour penser ces sciences. En définitive, il s’agit de manifester que Kant est un acteur français décisif de l’épistémologie et de la philosophie des sciences de tout le XIXe siècle
Louis Lortet est un savant lyonnais qui a cumulé connaissances scientifiques et responsabilités administratives. Entre 1873 et 1909, il obtient plusieurs missions en Orient du ministère de l'Instruction publique, notamment en Syrie et en Égypte. Les travaux relatifs à ces voyages témoignent de la formation de médecin et de naturaliste du savant, mais concernent également d'autres disciplines comme l'archéologie et l'anthropologie. Cette étude propose de retracer l'itinéraire de Lortet en s'appuyant sur divers aspects de sa biographie, éclairant son oeuvre orientaliste. La première partie met en relation l'Orient de Lortet et le courant orientaliste de l'époque. La seconde partie s'attache à la vie du savant, et plus particulièrement à son parcours professionnel. La troisième partie présente une étude descriptive et analytique des principaux travaux de Lortet en Orient
Si l'invention de la photographie relève tout d'abord du domaine de la technique, la communauté scientifique s'y intéresse très rapidement. Tout d'abord utilisés dans leur fonction initiale, l'obtention d'image, ses procédés se sont peu à peu adaptés aux besoins de la recherche. Le physicien Edmond Becquerel (1820-1891) est seulement âgé de 18 ans en 1839, quand les principes de la photographie sont publiés en France. Il s'y intéresse immédiatement. Comme photographe il réalise des vues de Paris, en tant que physicien il utilise les procédés chimiques de cette nouvelle technologie pour ses recherches. Dans cette thèse, nous analysons ce transfert de compétences de la communauté des techniciens vers la communauté scientifique, en étudiant la construction par Edmond Becquerel d'un instrument, qu'il nomme actinomètre électrochimique, utilisant les procédés chimiques de la photographie, mais sans obtention d'image, pour l'analyse du spectre solaire. Avec cet instrument, Edmond Becquerel obtient des résultats qu'il considère comme la preuve que les rayons " au-delà du violet " sont de la lumière. Notre exploration de la naissance de cet instrument est basée, tout d'abord, sur l'analyse des descriptions, dans plusieurs communications à l'Académie des sciences, de trois appareils successifs, construits par Edmond Becquerel, qui le conduisent à l'invention de l'actinomètre électrochimique. Nous utilisons de plus les informations que nous avons pu collecter lors des réplications que nous avons réalisées de ces instruments, et des expériences qu'Edmond Becquerel mène avec ceux-ci. Nous étudions comment un instrument à été inventé, construit et transformé par Edmond Becquerel entre 1839 et 1843. Nous analysons aussi quels paramètres ont influencés cette évolution. Nous étudions particulièrement l'influence d'une controverse engendrée par ces inventions, entre Edmond Becquerel et Jean Baptiste Biot. Cette controverse semble essentiellement basée sur des désaccords expérimentaux, mais Biot est connu pour sa défense indéfectible de la théorie corpusculaire de la lumière. Ceci nous conduit à étudier si des considérations théoriques concernant la nature de la lumière influencent les recherches de Becquerel
Nous retraçons la vie et le parcours professionnel de Jean Dufay, et ce fil directeur permet d'étudier en même temps le développement des observations et des recherches astrophysiques dans les Observatoires de Lyon et de Haute-Provence. Jean Dufay nait à Blois en 1896. Après son engagement militaire pendant la première guerre mondiale, il entre à l'ENS et obtient l'agrégation de physique en 1921. Il enseigne pendant sept ans dans des lycées, tout en préparant une thèse de doctorat, qu'il soutient en 1928 : Recherches sur la lumière du ciel nocturne.Il choisit alors une nouvelle carrière et entre en 1929 à l'Observatoire de Lyon, comme aide-astronome. Il devient directeur de l'établissement en 1933 et oriente son équipe vers des recherches d'astrophysique stellaire. D'autre part, Jean Dufay fait partie dès 1932 de la commission ministérielle qui étudie la création d'un observatoire d'astrophysique. Il est nommé en 1937 directeur de ce futur établissement, qui deviendra l'Observatoire de Haute-Provence (OHP). Tout en gardant la direction de l'Observatoire de Lyon, il coordonne la construction et l'équipement de l'OHP, qui devient en 1959 l'un des plus modernes d'Europe avec un télescope de 193 cm associé à un grand spectrographe.Jean Dufay dirige les deux observatoires jusqu'à sa retraite en 1966, tout en enseignant à la Faculté des Sciences et en continuant ses recherches astrophysiques. Il publie de nombreux articles et plusieurs livres. Il préside une commission de l'UAI. Il acquiert une notoriété certaine dans la communauté scientifique internationale de son époque.Jean Dufay est l'un des acteurs du renouveau de l'astronomie en France, dans le deuxième tiers du XXe siècle. À son arrivée à Lyon, l'observatoire travaille surtout pour l'astronomie de position, avec des méthodes qui n'ont pas changé depuis 1880. En moins de dix ans, ce type de recherche est abandonné, et remplacé par la photométrie de précision et la spectrophotométrie. Après la seconde guerre mondiale, les pratiques de l'astrophysique sont définitivement intégrées à l'Observatoire de Lyon, qui travaille alors en synergie avec l'OHP
|