Le double régime métaphorique dans Le Premier Homme d’Albert Camus est fondé sur une dominante de métaphores implicites et sur la réactivation de métaphores lexicalisées qui ancrent la poésie dans la banalité. La mouvance conceptuelle des métaphores se situe autour de la notion d’échanges entre l’humain, le monde naturel et le monde matériel, tandis que les métaphores intra-diégétiques établissent une étroite relation avec le récit. Le surgissement des métaphores, isolées ou concentrées dans quelques îlots textuels, est lié à l’expression d’une forte intensité, incarnant la tension entre les origines et l’accomplissement individuel, entre l’expression d’un manque et l’expression d’une plénitude. Le cumul d’une logique romanesque et d’une logique poétique, dont les métaphores sont le principal marquage, récuse la conception unitaire du style.